L’imaginaire moderne d’un monde connecté a un côté »sombre«. Au XIXe siècle déjà, le cosmopolitisme, l’appel à la coopération internationale ou les nouvelles possibilités de communication, de commerce et de voyage ne suscitent pas un enthousiasme unanime. En effet, les contemporains imaginent au même moment aussi un dangereux milieu du vice et du crime, défini par des flux illicites et peuplé de personnages louches. Les angoisses liées à l’espionnage, aux conspirations et aux complots secrets sont un phénomène répandu. Depuis lors, une sinistre mythologie ne cesse de captiver l’imaginaire moderne: sous le monde réel se cacherait un monde souterrain connecté, fait de mouvements et de liens clandestins qui transcenderaient les frontières et s’étendraient à travers les continents et les océans.
Ce colloque exploratoire étudie de façon critique la signification culturelle et politique de ces imaginaires des »réseaux obscurs« du XIXe siècle à nos jours. En nous appuyant sur une série d’études de cas historiques, nous proposons de partir de trois éléments empiriques typiques: des figures sociales – trafiquants, migrants clandestins, ou espions; des espaces – ports, zones frontalières ou tunnels; et des biens – armes, fausse monnaie ou pamphlets révolutionnaires. Nous examinerons comment et par qui ces imaginaires des réseaux obscurs sont produits, pourquoi leur pertinence augmente ou diminue, pour quels arguments moraux ils sont mobilisés, et quels ordres de propriété, de »race« et de genre ils sont censés défendre. Ainsi, le colloque apportera une nouvelle contribution à la recherche sur les aspects déviants de la globalisation, sur les représentations de la criminalité et sur la production de savoirs sur le social dans l’histoire du XIXe et du XXe siècle.
Aucune inscription n’est nécessaire.
Événement en anglais et en français.
Organisation: Sarah Frenking (GHI Washington / ZZF Potsdam), Christoph Streb (IHA), Anne-Emmanuelle Demartini (univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Mathilde Darley (CESDIP)
En coopération avec le Käte Hamburger Kolleg global dis:connect (LMU München) et le Leibniz-Zentrum für Zeithistorische Forschung Potsdam.
Avec le soutien financier de la Fondation Fritz Thyssen.
Crédit image: »Ombres de bas-fonds«, Détective N° 216 (1932), Ville de Paris, Bibliothèque des littératures policières.

