05.05.2025

Hibist Kassa (univ. Leicester), Sustainability for Whom? Challenging Power and Privilege in the Global Order

Dans le cadre de la journée d’étude »Sustainability, Expertise and the Global Order«

  • Conférence XXᵉ et XXIᵉ siècle
  • 18h00 (05.05.) - 19h30 (05.05.)
  • Sciences Po Paris

Hibist Kassa est actuellement »Policy Interface Fellow« à l’Institute for Environmental Futures de l’univ. Leicester (UK). De septembre à décembre 2024, elle a été Junior IFG Fellow dans le Interdisciplinary Fellow Group 11 consacré au sujet »Sustainability in West Africa’s Gold Mining Sector« au Merian Institute for Advanced Studies in Africa (MIASA) à l’univ. Ghana.

Le projet actuel de durabilité, qui est ancré dans un ordre mondial néolibéral, reproduit les hiérarchies coloniales de pouvoir, en cela qu’elle s’appuie sur des connaissances techniques élitistes et des solutions orientées vers le marché. Les analyses féministes intersectionnelles montrent que ce système entretient les inégalités (qui reposent sur l’ethnie, la classe ou le sexe), allant de la dévolarisation historique du travail du soin, jusqu’à l’exploitation actuelle des travailleurs dans les mines. L’émergence de la »broligarchie« – une nouvelle classe d’élites issues de l’économie numérique et de l’économie verte – montre cette dynamique, puisque leurs stratégies d’accumulation cachent systématiquement les demandes émanant du Sud global pour plus de justice concernant la dette et pour des réparations climatiques. Cela explique la défaite historique du nouvel ordre économique international, selon Adom Getachew, alors que les États récemment devenus indépendants demandaient une modification structurelle de l’économie mondiale. Les initiatives de durabilité actuelles facilitent les nouvelles formes de colonialisme environnemental: en République démocratique du Congo, les travailleurs des mines de cobalt sont soumis à des conditions de travail brutales afin de favoriser les énergies renouvelables, tandis qu’au Ghana un mouvement de base se bat pour protéger les réserves forestières contre l’exploitation de la bauxite. Au Kenya et en Tanzanie, les communautés autochtones sont supplantées par les programmes de protection de la nature orientés vers le marché, qui sont le reflet des vols de terres coloniaux. Malgré tout, des acteurs prônant la démocratie de base s’engagent pour trouver des structures alternatives, avec en leur cœur la souveraineté autochtone, les savoirs écologiques et une économie de soin féministe. La durabilité, qui met l’accent sur la justice et l’égalité, nécessite la déconstruction de structures de pouvoir et d’expertise élitiste, qui dictent actuellement la politique environnementale mondiale. Le chemin vers l’avenir ne mène pas à des interventions techniques isolées, mais à leur ancrage dans un futur émancipateur, qui valorise les combats passés et présents autour de l’égalité et de la justice.

Commentaire: Andrew Thompson (univ. Oxford)

Inscription: formulaire d’inscription

Où:
Sciences Po Paris

1 Place Saint-Thomas d’Aquin
Grands salons
75007 Paris

Événement en anglais.

En coopération avec le Centre d’Histoire de Sciences Po Paris et le projet »Global orders« de l’univ. Oxford.


Cette conférence a lieu dans le cadre de la journée d’étude »Sustainability, Expertise and the Global Order« à Sciences Po Paris. La journée d’étude rassemble une série d'études de cas pour analyser la question de l’exploitation des »ressources naturelles« dans des contextes coloniaux et mondiaux à partir du XVIIIe siècle est est organisée par Patricia Clavin (univ. Oxford) et Jakob Vogel (Sciences Po Paris). La journé d’étude n'est pas ouverte au public, la conférence de clôture néanmoins, peut être suivie après inscription.



Crédit image: Office for Emergency Management. Office of War Information. Domestic Operations Branch. Bureau of Special Services (03/09/1943–09/15/1945), Conservation Farming, entre 1941 et 1945, National Archives at College Park, Wikimedia Commons.