La nature secrète des musées. La spoliation coloniale face à la (mé)connaissance de l’environnement
Conférence de Stephanie Zehnle (univ. Passau), dans le cadre du cycle »Les jeudis de l’Institut historique allemand«
Commentaire: Saskia Cousin (univ. Nanterre) et Daniel Abidjo (univ. Cergy)
28 novembre 2024, en ligne et sur place
Les collectionneurs d’art coloniaux se sont approprié des objets très divers en Afrique. Ils privilégiaient les œuvres d’art précieuses issues des palais ainsi que les objets mystiques exotisés, tels que des masques ou des représentations animales abstraites. Ces objets font aujourd’hui partie de musées ethnologiques contestés dans le Nord global. Leur simple exposition publique pose déjà problème, car ces objets renvoient à des transmissions de savoirs occultes liés aux ordres politico-écologiques au sein de »sociétés secrètes«. Ils n’ont pas été créés pour la contemplation par des spectateurs non-initiés. Certain animaux ou esprits animaux jouaient un rôle pour certains groupes dans la transformation des hommes et des femmes, notamment le passage de l’enfance vers l’âge adulte. Cette conférence montre, à travers des exemples ouest-africains, les négociations entre les savoirs naturels et le pouvoir du savoir au sein des sociétés secrètes, des États africains et européens à différentes époques. Elle complète ainsi la discussion menée jusqu’ici sur les spoliations coloniales d’œuvres d’art à destination des collections et musées européens par l’intégration de contextes culturels résolument précoloniaux et des ruptures hiérarchiques de savoirs.