Projet der recherche

»Le peuple« a-t-il voté ? Socio-histoire de la participation électorale en France, en RFA et en Suisse, 1945–2017

Chercheuse


Omniprésents dans le débat public contemporain, les discours pessimistes sur l’état de la démocratie sont sans doute aussi vieux que la démocratie elle-même. La deuxième moitié du 20è siècle a cependant marqué une étape nouvelle pour le diagnostic démocratique de nombreux pays occidentaux : la montée générale de l’abstention est rentrée en tension avec la centralité des élections dans les dispositifs contemporains de légitimation du politique.

Partant de ce constat, ce projet de recherche propose d’adopter un nouveau regard sur la participation électorale, non en tant que phénomène politique en soi, mais bien comme l’objet d’interprétations et de pratiques parfois conflictuelles de la part des acteurs politiques – politicien.ne.s, acteurs institutionnels, mais aussi journalistes et politologues ou sondeur.se.s. Pour ce faire, le projet s’intéresse à la manière dont ces acteurs ont abordé cette question au cours de l’après-guerre dans trois pays : la France, la République fédérale allemande et la Suisse. Adoptant une perspective d’histoire croisée, le projet vise à explorer les similarités et contrastes, mais aussi la circulation de discours et de pratiques sur la participation électorale entre ces trois pays, favorisés par les échanges intellectuels intenses de l’après-guerre.

Ce projet de recherche propose d’adopter un nouveau regard sur l’abstention, non en tant que phénomène politique en soi, mais bien comme l’objet d’interprétations et de pratiques parfois conflictuelles de la part des acteurs politiques.

Image: Affiche, mai 1968, auteur/e non identifié/e, source: gallica.bnf.fr / BnF.

Il s’agira tout d’abord d’analyser les évolutions des discours sur la participation électorale au cours de la période, puis de se pencher sur les mesures pratiques prises par les acteurs politiques pour l’encourager (réformes institutionnelles, changements de la communication politique…) Au-delà des particularités de leurs histoires et de leurs systèmes politiques, ces trois pays européens ont connu des évolutions similaires au cours de cette période : la montée de l’abstention électorale, l’affaiblissement des liens partisans traditionnels, l’émergence de nouvelles formes de participation au-delà du vote, particulièrement après 1968, mais aussi la professionnalisation de la politique, soutenue par l’émergence de nouveaux savoirs électoraux.