Histoire médiévale

Projet de recherche

Villes, sociétés, territoires – La vallée de la Seine entre Champagne et Île-de-France (XIIe–XIVe siècle)


Ce projet de thèse a pour objet l’évolution au cours du bas Moyen Âge d’une partie de la vallée de la Seine. Structuré par la Seine, cet espace est polarisé par trois centres urbains Provins, Montereau-Fault-Yonne et Melun. Il est à l’interface entre différentes autorités qui y exercent une partie de la juridiction: la royauté française, le comté de Champagne, l’archevêché de Sens et d’autres seigneuries laïques et ecclésiastiques.

Les trois villes au cœur de ce projet se construisent relativement les unes aux autres au sein d’un espace spécifique, la vallée de la Seine, axe commercial majeur à la frontière du domaine royal et du comté de Champagne, en amont de Paris, qui se constitue alors en capitale. À partir du XIIe siècle, Provins, l’une des villes de foire du comté, fait converger d’immenses flux de biens et de richesses ainsi que des marchands de toute l’Europe, notamment italiens, qui y inventent des nouvelles pratiques de l’échange et de la circulation. En aval, Montereau contrôle le confluent de l’Yonne et de la Seine avant que celle-ci ne vienne irriguer Melun, puis Paris. Jusqu’au rattachement du comté de Champagne au domaine royal, l’importance stratégique de ces villes en fait l’objet des rivalités du comte et du roi, mais aussi d’autres acteurs laïcs et ecclésiastiques. Il s’agira de s’interroger sur la manière dont l’extension du domaine royal transforme les rapports entre ces trois villes.

L’objet de ce travail sera d’apporter un regard nouveau sur d’anciennes questions historiographiques: le rapport ville/campagne, l’importance des foires de Champagne, la question du crédit et de l’usure, la commune, l’extension du domaine royal et la construction de l’État monarchique français.

L’objet de ce travail sera donc d’apporter un regard nouveau sur d’anciennes questions historiographiques: le rapport ville/campagne, l’importance des foires de Champagne, la question du crédit et de l’usure, la commune, l’extension du domaine royal et la construction de l’État monarchique français. Tous ces problèmes seront ainsi revisités à une échelle plus micro, par une lecture socio-économique de questions politiques et vice-versa, à la lumière des tournants documentaire, spatial et ecclésial en histoire médiévale, mais aussi des méthodes d’analyse quantitative informatisées.

Ainsi l’étude prendra pour point focal Provins, et en particulier un ensemble de six cartulaires provinois produits entre 1250 et 1350, par différents établissements ecclésiastiques (Templiers, Hôtel-Dieu, Cordelières), par la commune, ainsi que par un seigneur-marchand, Renier Acorre. Les cartulaires font l’objet d’une étude et d’une lecture historiennes classiques, mais aussi d’une mise en forme statistique s’attachant particulièrement aux personnes, aux transactions, aux lieux et aux aspects documentaires, dans la perspective d’une analyse quantitative (analyse factorielle) et digitale (analyse de réseaux, analyse spatiale). Il s’agit de combiner et de comparer les différentes méthodes et outils rarement utilisés ensemble. Ces sources seront ensuite mises en perspective avec une documentation externe à la ville: notamment les archives royales, où les villes apparaissent notamment dans les dénombrements de domaines, ce qui obligera à questionner la manière dont la mise en liste contribue à constituer et à penser le territoire. Seront envisagées en outre les archives des comtes de Champagne et les documents, conservés aux archives départementales de l’Yonne, concernant les revenus des doyens de Montereau, qui dépendent, comme ceux de Provins et Melun, de l’évêché de Sens.

 

Crédit photo: La Tour César et l’église Saint-Quiriace à Provins, photo de Jean-Pol Grandmont, 10.7.2023, Wikimedia Commons.